Gabriel Garcia Marquez - L'atelier d'écriture : comment raconter une histoire

"Ce qui m'importe le plus au monde, c'est le processus de création. Quel est ce mystérieux mécanisme qui transforme le simple désir de raconter une histoire en une véritable passion, en une pulsion assez forte pour qu'un être humain soit capable de mourir pour elle, de succomber à la faim, au froid ou à tout autre péril dans le seul but de réaliser quelque chose d'impalpable, d'immatériel, quelque chose qui, en vérité, n'a aucune utilité tangible ? Quelquefois, j'ai cru - ou j'ai eu l'illusion de croire - que j'allais enfin percer le mystère de la création, de ce moment précis où une idée surgit et s'impose, mais en chaque occasion, cette ambition m'a paru plus difficile à atteindre.

Depuis que j'ai commencé à animer ces ateliers, j'ai écouté d'innombrables enregistrements de sessions, lu autant de comptes rendus, toujours pour me convaincre que j'étais parvenu à cette découverte et puis...rien. Je n'arrive pas à savoir quand ça se passe. Et en chemin, je suis devenu accro au travail de groupe. Ce truc d'inventer des histoires ensemble, c'est à présent l'un de mes vices !"

Gabriel Garcia Marquez

*

4ème de couverture : Cuba, les années 1980. Gabriel Garcia Marquez dirige un atelier à l'Ecole internationale de cinéma et de télévision pour former une nouvelle génération d'auteurs de fiction. Ici, pas de cours magistral : la parole est libre, fluide, sans façon -aucun snobisme ne prévaut entre les gens de métier et ceux qui aspirent à le devenir. On s'interpelle, on rit, on corrige, on s'interroge sur la meilleure façon d'obtenir des histoires originales qui accrochent et fonctionnent.

A ses étudiants, Garcia Marquez donne les clefs de ce qu'il appelle l'esprit de création. Face aux erreurs de jeunesse ou aux méthodes paralysantes, il offre les leçons qu'il a tirées de sa propre expérience ou synthétisées au cours des ateliers.

Traduction de Bernard Cohen - Préfacé par Alexandre Lacroix

Editions Seghers, 2024 - Service presse

*

Quelle leçon magistrale ! La lecture de ce livre est un véritable tourbillon, un passionnant cours d'écriture de fiction qui vous entraîne dans un élan d'inspiration. Gabriel Garcia Marquez surnommé Gabo, est un chef d'orchestre virtuose dans l'animation de cet atelier d'écriture.

Il réagit, conseille et stimule les participants au quart de tour, dés qu'une idée tombe. C'est dynamique, vivant.

En tant qu'auteure de romans, en quête de nouveaux apprentissages, je suis comblée par le processus de Gabo. L'esprit de création, comme l'appelle l'auteur colombien.

*

Un bon écrivain se reconnaît moins à ce qu'il a publié qu'à ce qu'il a jeté à la poubelle. Evidemment, les autres n'en ont pas conscience mais lui, si. Il sait ce qu'il enlève, ce qu'il réécrit, ce qu'il améliore. Quand on recommence quelque chose, c'est qu'on est sur la bonne voie. Pour pouvoir écrire, on doit être persuadé qu'on est meilleur que Cervantès : sinon, on devient pire qu'on ne l'était en réalité. Il faut viser haut, essayer d'aller loin. Il faut du jugement, et bien sûr du courage, pour raturer ce qui doit être enlevé, pour recueillir des opinions distinctes et les soupeser sérieusement.

Extrait page 31

*

Neuf participants, sept jours d'atelier pour leur donner tous les outils, pour raconter une histoire qui tienne la route, avec son sujet, sa cohérence, l'intérêt qu'elle suscite auprès du public. Gabo répond aux questions, remet celui qui se perd sur le bon chemin...insuffle une énergie nouvelle, toujours en alerte, car l'écriture est un acte vivant, complexe et gratifiant à la fois.

J'ai relevé dix extraits motivants (retranscris dans mon carnet), où nous sommes inviter à créer, à écrire sans réserve car, comme le disait l'écrivain américain, Jim Harrison : Que deviennent les histoires quand il n'y a personne pour les raconter ?

Gabriel Garcia Marquez a su transmettre à des femmes et des hommes ce pouvoir formidable : raconter des histoires. Grâce à son expérience, son vécu et son talent, il permet à d'autres d'écrire, d'imaginer des histoires et de réaliser, peut-être, un rêve d'écriture.

*

...nous sommes des créateurs. Il faut laisser à l'histoire le temps dont elle a besoin...

Extrait page 123

*

On ne doit jamais écrire sur ce qu'on ne connaît pas ou qu'on ne perçoit pas comme personnel.

Extrait page 217